Réflexion

Réflexions autour du départ du général de Villiers De ce qui me remonte des unités via les unions départementales, la gendarmerie nationale n’est pas insensible à tout ce qui a entouré le départ du général d’armée de Villiers. Elle n’est plus intégrée au ministère des armées mais elle conserve son essence militaire et n’aime pas que l’on maltraite les chefs même si quelques esprits faibles pensent qu’ils sont trop payés pour cela. Cette affaire rappelle le départ du général Soubelet après ses déclarations devant la commission de la défense au sujet des difficultés avec la Justice.

On se souvient également de la démission du général Cuche, chef d’état-major de l’armée de terre, après les propos blessants du président Sarkozy après l’affaire de Carcassonne. Enfin ceux qui ont assisté à l’adieu aux armes du général Gilles aux Célestins suite à son « débarquement » par le même président se souviennent du discours lamentable du ministre Hortefeux. Des hommes politiques en responsabilité ont manifestement du mal avec les militaires ! Dans le même temps la gendarmerie est également appelée à faire des économies de l’ordre de 90 millions d’euros. Tout cela entre en résonance et réveille la mauvaise humeur alors que les budgets des années précédentes avaient permis de compenser une partie du démantèlement engendré sous la présidence Sarkozy. D’un problème technique budgétaire on est passé à un conflit personnel qui ne pouvait qu’aboutir à la démission du général de Villiers. Personne ne conteste l’autorité du président de la République chef des armées. Mais sa déclaration faite à l’hôtel de Brienne le 13 juillet est une humiliation en public et elle est disproportionnée, ce n’est pas un acte d’autorité.

Ces mots n’ont pas seulement frappé le général de Villiers mais l’ensemble de la communauté militaire. La haie d’honneur à sortie de l’EMA est une illustration de l’impact. Par ailleurs, qui peut croire que la nouvelle ministre, malgré ses compétences, est à même de défendre le budget des armées alors qu’elle n’a que quelques jours d’exercice ? Le CEMA était donc doublement dans son rôle alors que cela lui est semble-t-il retiré. La suite risque d’être chaotique si de plus, il faudra être très prudent avec les parlementaires. L’exercice de l’autorité dans le milieu civil n’a rien à voir avec ce qui se passe dans les forces armées. Apprendre à respecter ses subordonnés et ne jamais les humilier même s’ils sont en faute, c’est la base de la relation entre militaires qui s’établit également sur une confiance mutuelle. C’est un des principes de l’enseignement du savoir être dans les écoles militaires. Le chef doit entendre avec calme les avis de ses subordonnés, encore plus lorsqu’il s’agit du chef d’état-major des armées. On ne devient chef des armées qu’en établissant progressivement une relation de confiance simple et sincère avec les femmes et les hommes de ces forces qui rappelons-le, se sacrifient pour notre liberté. Etre leur chef c’est aussi veiller à leur donner les moyens d’assumer leurs missions. Accessoirement, je m’interroge sur le rôle de l’amiral ROGEL, chef d’état major particulier du président qui aurait du être un conseiller et un modérateur dans cette affaire. Encore faut-il qu’il soit écouté. Alors que le président semblait rechercher l’apaisement, le porte parole du gouvernement, Christophe CASTANER, relance de manière virulente la polémique dans les colonnes du Figaro. Est-ce de son propre fait ? On est en droit d’en douter quand on connaît sa proximité avec le chef de l’Etat.

Cette réplique ne s’oubliera probablement pas et ce serait une erreur de croire que cette succession d’événements n’est qu’une péripétie de communication. Si d’aucun croient qu’une Défense Nationale est une danseuse qu’on a plus les moyens de s’offrir, ils risquent des lendemains terribles face à la montée des blocs de puissance et des conflits asymétriques. Il en est de même pour les forces de sécurité intérieure qui vivent un rythme d’emploi intense depuis plusieurs mois et qui elles aussi sont étrillées au plan budgétaire. On croyait à un réel changement et voici que les vieilles justifications reviennent. Le casernement et les équipements attendront, ils n’ont pas à se plaindre puisque leur solde est garantie. Tout cela va finir par vraiment lasser à moins que les nouvelles promesses soient tenues pour 2018 malgré les 10 milliards d’économies prévues pour l’Etat…..

Mon général de Villiers, les gendarmes qu’ils soient d’active, de réserve ou retraités vous saluent respectueusement.

Henri MARTINEZ
Président National de l’UNPRG


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