REFLEXION SUR LA VIE AVEC LA COVID 19
Tout d’abord, nous ne pouvons pas commencer nos propos sans avoir une pensée bienveillante pour toutes les victimes disparues à cause de ce virus, en particulier pour nos camarades gendarmes de tous grades, actifs comme retraités, mais aussi pour toutes leurs familles très éprouvées auxquelles les mots ne peuvent suffire à eux-mêmes pour les aider à surmonter un deuil particulier et très éprouvant.
La présente réflexion trouve son fondement par cette pandémie et son quotidien rendu difficile de solitude, une lassitude due aux éternels rebonds et mesures à appliquer, parfois discutables, mais toutes empreintes d’une obligation sanitaire avérée.
Conscient des ravages de cette pandémie, tant sur le plan sanitaire qu’économique, les propos récents du président de la République, qui mettent en avant la jeunesse comme la génération la plus perturbée, ne trouvent pas chez nous la même approche. Toutes les tranches d’âges sont concernées, des plus jeunes enfants aux aînés les plus âgés.
Les petits sont traumatisés par les dépistages à l’école, les écoliers perturbés par l’irrégularité des cours et le port du masque, les adolescents par la suppression d’examens et les interdits sanitaires, les étudiants par l’isolement et le suivi à distance de l’enseignement, les jeunes majeurs par la privation des sorties festives, les salariés par les pertes d’emplois et le télétravail, les entrepreneurs, commerçants de produits non essentiels, indépendants, artistes, etc… par les difficultés financières récurrentes et dramatiques, les jeunes retraités par l’absence de voyages et de liens sociaux, les plus anciens par les difficultés de se faire soigner et les aînés dépendants par l’impossibilité de finir normalement une vie parfois déjà perturbée par les conflits mondiaux des guerres de 1940, d’Indochine et d’Algérie.
La liberté n’a jamais autant été appréciée par tous depuis qu’elle est réglementée par les confinements, notamment par la jeunesse dorée qui n’a jamais connu d’interdit. Pourtant, des générations y ont laissé leur vie pour la défendre si chèrement, mais le passé est vite oublié. Tous ces femmes et ces hommes qui ont connu la faim, le froid, l’isolement, l’orphelinat, l’évacuation, la maladie sans soin, la torture, les sévices durant plusieurs années sans oublier ceux qui sont morts, ces familles décimées, toutes ces horreurs pour nous faire bénéficier de cette liberté chérie, ne l’oublions pas. Pensons-y maintenant avant sans cesse de nous plaindre, d’autant que dans l’Aisne nous sommes bien placés pour le savoir. Les lieux de mémoire ne manquent pas (ex: Le chemin des dames où le capitaine Auguste Gauvenet, parrain de la promotion du colonel Beltrame, est décédé, la Pierre d’Haudroy, le cimetière d’Effry où sont morts tant de civils, les combats de Saint-Michel en Thiérache, etc…).
Aujourd’hui, moult personnes, repues, en bonne santé, bénéficiant d’un toit, fût il un appartement exigu, parfois sans travail mais aidé financièrement par l’État ou l’employeur, geignent de ne pouvoir sortir comme elles le souhaitent depuis un an, de ne pas aller en vacances, à la mer, à la neige, de ne pas pouvoir voyager, se rendre au spectacle, au théâtre, au cinéma, au restaurant, en oubliant quand même que ces prescriptions sont imposées pour la santé de tous (la leur aussi) et en particulier de celles qui ne respectent pas les obligations et recommandations sanitaires bienveillantes. Sont-elles envieuses de connaître la souffrance, de rejoindre un service de réanimation, d’être dans un coma artificiel, de côtoyer la mort ? comme cette jeune femme interviewée récemment qui déclarait être prête à payer une amende pour rejoindre absolument son lieu de villégiature, sans parler de tous ces manifestants en tous genres ou de ces «carnavaleux» en manque de fêtes, complètement inconscients de la portée de leurs actes !!! Irréaliste et sans doute ignoble de tenir de tels propos et d’avoir de tels comportements au regard de ceux qui souffrent et des personnels se dévouant pour soigner, sans parler bien sûr des «sachants» plus occupés par les plateaux de télévision que par l’hôpital et leurs patients !
Nous sommes dans une société individualiste dirigée par l’argent, en mal de privations mais au péril de la vie. Irréel mais pourtant plus que jamais d’actualité.
Alors, oui nous pouvons critiquer l’amateurisme de certaines mesures, l’absence de masques, la profusion de publicités pour la vaccination alors que les vaccins n’arrivent pas mais sont vendus ailleurs dans des pays qui les achètent le double de prix ou qui acceptent d’en recevoir sans en exporter aucun (c’est une «Bérézina sanitaire» dixit ce jour un député devant l’assemblée nationale !), mais une chose est sûre, serions nous capables de mieux faire ? Et puis, il faut se dire que dans la vie, il y a toujours plus grave, regardons autour de nous, par exemple ceux qui sont atteints de la covid ou de toute autre maladie grave, avant de gémir d’aise.
La communication n’est sans doute pas non plus étrangère à cette exaspération générale. Va-t-elle trop vite ? Est-elle trop orientée, trop excessive ? Est-ce que tout est dit ? Autant de questions que bon nombre de personnalités, d’experts, de politiques de tous bords, de journalistes aiment à fournir des réponses qui leur conviennent sans pour autant être d’une exactitude avérée.
Pensons à nos gendarmes et policiers qui, en plus des missions habituelles de sécurité, de la lutte contre le terrorisme, de celles des atteintes aux personnes en augmentation durant les confinements, puisque même les couples ne se supportent plus, sans parler de leurs enfants les exaspérant, de celles des atteintes aux biens en baisse pour les cambriolages mais en hausse pour les escroqueries et abus de confiance commises sur internet, se doivent de faire respecter le port du masque (sans en avoir eu pour leur protection dans les premiers temps de la pandémie et sans être vacciné encore aujourd’hui), les horaires de couvre-feu, le confinement, les rassemblements, le contrôle des marchés et des commerces pour la vente des produits uniquement essentiels, alors après comment ne pas s’étonner de leur impopularité, alors qu’ils ne font que leur travail, tout en étant aussi à la merci de ce satané germe épidémiologique.
Pour terminer cette réflexion, qui n’engage que son rédacteur, nous soutenons nos camarades de l’active plus que jamais sollicités et apportons notre compassion à ceux atteints par ce virus et à ceux qui se dévouent corps et âmes pour les soigner. Croyons en la médecine, respectons les gestes barrières, faisons confiance en l’avenir et gardons l’espoir de retrouver la vie d’avant.
Ce jour là, chacun de nous devra alors apprécier à sa juste valeur la liberté et la santé qui n’ont pas de prix, mais avions nous réellement besoin de cette pandémie pour le savoir ?
Patrice Van Lancker
Président UNPRG-UD 02
LEGENDE PHOTOS =
01- Fresque murale peinte sur les murs de l’hôpital d’Hirson en hommage aux personnels soignants du Covid ;
02- Le chemin des dames, théâtre de plusieurs batailles durant la 1ère guerre mondiale ;
03- La stèle du capitaine Auguste GAUVENET, sur le chemin des dames ;
04- La Pierre d’Haudroy, à La Flamengrie, lieu du cessez-le feu de la 1ère guerre mondiale ;
05- Le cimetière d’Effry, le prix de la liberté pour ces victimes civiles de la 1ère guerre mondiale ;
06- Le monument du souvenir à Saint-Michel pour les combats de mai 1940.
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