Fresque Arnaud Beltrame en marge de l’hommage du 16 – UD 85

Le mardi 13 février 2024, à l’initiative de l’ UNPRG de l’Ariège a eu lieu une cérémonie d’hommage au Capitaine Maurice, Keller, résistant et ancien commandant de compagnie de la gendarmerie de Saint-Girons. Cette cérémonie préparée par le président départemental de l’ UNPRG 09, Honoré, Morelis avec la complicité du lieutenant Jean-Baptiste, Giacomoni, commandant la COB de Saint-Girons et du lieutenant Johnny, Hardelin, commandant en second la compagnie, s’est déroulée en matinée devant la stèle érigée en sa mémoire et implantée devant la gendarmerie de Saint-Girons.

Cérémonie présidée par la sous-préfète de Saint-Girons, Mme Catherine Lupion et le  Colonel Frédéric, Wagner, commandant le groupement de gendarmerie à Foix dans la plus pure tradition militaire dirigée par le chef d’escadron Hubert, Veillie, commandant la compagnie de gendarmerie de Saint-Girons et ainsi honorer un héros, résistant et discret de la gendarmerie.

De nombreuses personnalités administratives, militaires, clergé, presse, ont pris part à cette cérémonie d’hommage accompagnées de 10 portes drapeaux. Les membres du bureau et plusieurs adhérents de l’association étaient présents.

Lecture de sa biographie faite par le colonel Frédéric, Wagner suivie de celle de la dernière lettre adressée à son épouse par une gendarme de la brigade.  Chant des Partisans, dépôts de gerbes, sonnerie « Aux Morts », exécution de la marseillaise ont solennisé  cette cérémonie.

La sous-préfète Catherine, Lupion d’ajouter « C’est avant tout la reconnaissance de la nation envers un capitaine de gendarmerie qui n’a pas hésité a mettre sa vie en jeu pour défendre le pays et soutenir la résistance dans une période extrêmement troublée. Un sens du devoir ultime à l’image du capitaine Beltrame. Un exemple pour les futures générations ».

Le colonel Frédéric, Wagner d’ajouter « Une cérémonie importante pour le devoir de mémoire. Tous les gendarmes doivent avoir en tête les actions menées par les grands anciens. Des valeurs cardinales pour les militaires de gendarmerie, de courage, d’abnégation, de dépassement de soi. Au delà des cérémonies de ce type doivent nous faire réfléchir à ce que nous sommes, d’où on vient pour pouvoir aller de l’avant ».

 

Biographie du Capitaine KELLER lue par le Colonel Wagner:

 

D’origine alsacienne, Maurice Keller est né le 10 septembre 1905 à Epfig, dans le Bas-Rhin.

– En 1934, à l’issue de son service militaire au sein des troupes d Afrique, Maurice Keller

s’engage en tant qu’Officier de réserve de Gendarmerie et obtient le grade de lieutenant.

En mars 1937, le Lieutenant de réserve Maurice Keller intègre la gendarmerie d’active et

devient maréchal des logis chef. ll suivra ensuite sa formation d’Officier à l’école

d’application de Versailles et sera promu sous-lieutenant puis lieutenant en 1939, à l’aube

du second conflit mondial.

– Arès avoir occupé plusieurs postes opérationnels, à Saint-Amand-Montrond dans le Cher

en 1940, puis à Lapalisse dans lAllier en 1941, le 10 novembre 1942, le Lieutenant KELLER

rejoint la Légion de Gendarmerie de Gascogne et prend la tête de la compagnie de

gendarmerie de Saint-Girons (appelée à l’époque section).

– Le Couserans, comme toute la frontière des Pyrénées est sous haute surveillance des

autorités allemandes. Une partie de la gendarmerie est attentiste. Certains, courageux

patriotes, choisissent de résister en faisant preuve de la plus grande prudence. La tâche est

d’autant plus compliquée pour un membre des forces de l’ordre, qui plus est

Commandant d’unité, chargé de veiller à l’exécution des lois et d’obéir aux ordres donnés

par ses supérieurs et autorités de tutelle.

– Animé par une réelle fibre patriotique et une volonté de lutter contre I’ occupant,

Maurice KELLER s’engage dans la résistance au sein d’une organisation clandestine peu de

temps après son arrivée à Saint-Girons. ll s’agit du << service évasion » dirigé par Pierre

Delnom Dedieu (futur Sous-Préfet de Saint-Girons). ll assurera la sécurité de convois

d’évadés vers la frontière espagnole, puis, il aidera les responsables chargés de la mise en

place des premiers maquis. ll fera également prévenir les jeunes hommes recherchés pour

le Service du Travail Obligatoire, qu’il était chargé d’aller convoquer, en les aidant à

rejoindre l’Espagne. Enfin, et surtout il mettra à profit son statut afin de faire traîner

volontairement certaines enquêtes officielles menées à l’encontre des milieux résistants,

et notamment celles concernant les filières de passage des Pyrénées, dans lesquelles il

prend une part active. Mais également en conservant et dissimulant des informations dont

il avait connaissance au sujet de refuges de réfractaires ou de points de rassemblements

de passeurs, dans le Castillonnais et plus particulièrement sur la commune de Moulis.

– En janvier 1943, il défendra courageusement le gendarme Durand accusé (à juste titre) par

les Allemands d’avoir laissé échapper volontairement trois réfractaires au STO qui étaient

confiés à sa garde.

– En février 1944, il obtient la libération de deux chefs de la Résistance locale (Maurice

Gardelle et Pierre Lacroix, chef du MUR: Mouvement Unis de la Résistance des secteurs

de Saint Girons et de Castillon) en se portant personnellement garant pour eux, assurant

qu’il ne s’agissait pas de résistants mais bien de Pétainistes affirmés.

– En avril 1944, à l’aide de son véhicule personnel, il permettra l’exfiltration vers l’Espagne

de deux passeurs du Biros menacés d’arrestation aux Bordes sur Lèz.

– Enfin, après le débarquement du 6 juin 1944, il donne son approbation aux gendarmes

placés sous ses ordres, désireux de rejoindre le maquis.

– ll rendra visite également à plusieurs résistants faits prisonniers lors de leur détention et

les réconfortera en leur adressant des mots touchants, ce dont plusieurs ont fait mention

dans leurs témoignages une fois libérés. Ou encore, fournira des renseignements précieux

sur I’ ennemi aux mouvements résistants locaux, grâce à sa connaissance fine de la langue

allemande.

– La multiplication de ses activités clandestines et son attitude, finissent par attirer la

méfiance des autorités allemandes et des collaborateurs français, et il se retrouve à faire

I’ objet d’une surveillance accrue des services de renseignements allemands, qui conduira

finalement à son arrestation dans la nuit du 10 juin 1944 par la Gestapo. Arrestation avant

laquelle, il s’adressera une dernière fois à ses hommes, dont certains s’apprêtent à

rejoindre le maquis. dans la cour de la caserne.

– Il est ensuite interné à la prison Saint-Michel à Toulouse puis déporté le 31 juillet 1944 au

camp de concentration de Buchenwald (en Allemagne). Entassé dans un wagon, il prend le

temps de griffonner quelques mots à sa femme, ce sera le dernier écrit qu’il restera de lui.

– Dès son arrivée il se verra affecté au « Kommando de Langenstein » or il est astreint à un

exténuant travail de. terrassement, douze heures par jour afin de creuser les galeries d’une

usine d’aviation souterraine. Entre la moitié et les deux tiers des ouvriers de ce Kommando

sont morts à la tâche, certaines galeries ont « coûté » un mort par mètre, et l’espérance

de vie n’y était que de six semaines.

– Héros discret de la Gendarmerie et de la résistance française, miné par l’ épuisement, le

froid et la maladie, le Lieutenant Maurice KELLER s’éteindra en déportation dans le froid et

le brouillard allemand au cours de la nuit du 27 au 28 janvier 1945 sous l’anonymat du

matricule 69 298. Ses cendres reposent avec plus de 900 de ses compagnons de misère au

cimetière allemand de Quedlinburg. ll laissera derrière lui une veuve et deux orphelins âgés

de 3 et 1 an ainsi qu’une mère ayant perdu son fils, tous demeurant Saint-Girons.

– Promu capitaine à titre posthume, Maurice KELLER est fait chevalier de la Légion

d’honneur, cité à I’ ordre de la division et se voit conférer la croix de guerre 1939-1945 avec

médaille d’argent ainsi que la médaille de la Résistance française et la Médaille de la

déportation et de l’internement pour faits de résistance.

L’UNPRG de l’ Ariège remercie vivement tous les militaires de la gendarmerie pour leur engagement à la préparation de cette cérémonie sous l’autorité du colonel Frédéric, Wagner. L’ UNPRG s’engage à ce que cette cérémonie devienne pérenne, si possible.

Toutes les personnes présentes ont été invitées à partager un moment de convivialité.

MORELIS, Honoré

 

                         

 

                         

 


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Catégories