L’UNPRG-UD 02 A SON CHAMPION DE TIR

L’UNPRG-UD 02 A SON CHAMPION DE TIR

La volonté ne suffit pas pour être un champion. Notre adhérent depuis 2012, Vincent Fagnon, 38 ans, ancien de l’Arme et aujourd’hui secrétaire de gestion, en sait quelque chose. En 2005, une fraction de seconde a suffit pour changer sa vie mais aussi celle de toute sa famille. Si la vie est belle, elle peut parfois se révéler très cruelle. Cependant, Vincent a choisi son statut : ne pas être une victime mais un combattant, en étudiant, en exerçant un nouveau métier et en devenant un sportif émérite, tout en luttant contre la souffrance des maux attachés à sa tétraparésie.

Ce picard de la haute-Somme, né au pays des bêtises (Cambrai-59-), mais maintenant axonais, est le cadet d’une famille ouvrière de deux enfants. Au terme de ses études suivies à Péronne (80) et à St-Quentin (02) pour un BAC littéraire suivi d’une année de classe préparatoire au concours à l’école normale supérieure, ce pompier volontaire, dès l’âge de 16 ans, tente avec succès à 19 ans le concours d’admission dans la gendarmerie. Au terme de sa formation au sein de l’école des sous-officiers du Mans (72), en septembre 2002, il est affecté à la brigade territoriale de Saint-Blin (52) au sein de la compagnie de Chaumont du groupement de la Haute Marne.

C’est le 14 juillet 2005, que son destin bascule. En quartier libre, au volant de sa voiture personnelle, dans un virage gravillonné récemment, son véhicule dérape et percute un obstacle contrairement aux autres accidentés du même endroit pour les mêmes raisons dans les jours et heures qui précèdent. Le choc est violent et ne lui laisse aucune chance, sinon celle d’être vivant. Héliporté à Nancy puis opéré le jour même, il est admis pendant une année dans un centre de rééducation et de réadaptation en Meurthe et Moselle, ce qui lui permet d’éviter la tétraplégie. Gendarme sous contrat, il est réformé pour son invalidité à 80%, mais il est confronté à la dure réalité, du départ de son amie, de devoir retrouver un logement, d’un exil dans les Vosges et de l’obligation de travailler à nouveau, sa maigre pension ne suffisant pas à subvenir à ses besoins quotidiens. Ses parents et son frère l’entourent et se sacrifient pour l’aider. Son frère, responsable d’établissement scolaire, va même jusqu’à déménager de sa propriété pour acquérir une autre maison où la famille transforme un local pour les nouveaux besoins du déplacement en fauteuil de Vincent. Il revient donc dans l’Aisne, valide son permis de conduire pour un véhicule aménagé à son handicap et reprend des études. Il obtient un BTS de comptabilité gestion des organisations, en formation pour adultes en 2010, et il est recruté dans l’éducation nationale. Il exerce à Saint Quentin (02), à Roisel (80) puis au Lycée Pierre Méchain à Laon (02) tout en alternant avec des interventions chirurgicales dont l’ablation du coccyx.

Malgré ces énormes difficultés, Vincent, initié au tir sportif en 2005 pendant sa rééducation, s’inscrit fin 2017 au club des carabiniers Saint Quentinois pour pratiquer le «para tir». En raison de ses performances, il participe, en janvier 2018, avec l’aide de son père pour tous ses déplacements et compétitions en métropole comme à l’étranger, à ses premiers championnats de France de para tir 10 mètres en intérieur à Tarbes (65), en tir couché.

Ensuite, il suit des stages au sein du collectif national lui permettant d’intégrer l’équipe de France de para tir. En décembre 2018, au championnat d’Europe à Belgrade (Serbie), il obtient la 6^ème place ainsi que la médaille de bronze par équipe. En janvier 2019, il décroche la médaille de bronze au championnat de France à Lorient (56) et en manche de coupe du monde à Al-Ain (Émirats Arabes Unis), il parvient à obtenir la médaille d’argent par équipe, en tir couché à 10 mètres. La même année en juin, sa participation au master para tir de Châteauroux (36) lui permet d’obtenir la 1ère place dans la même discipline. En juillet 2019, lors de son déplacement à Osijek (Croatie) pour une manche de coupe du monde avec son équipe, ils obtiennent la médaille d’argent en tir couché 50 mètres extérieur. En Octobre à Sidney (Australie) pour sa 1^ère participation à un championnat du monde, ils terminent à la 5^ème place dans les deux catégories (10 et 50m).

Cette année les compétitions sont très perturbées, certaines annulées. Cela n’empêche pas sa participation au championnat de France 10m à Niort (79), ni l’obtention de la médaille d’argent dans sa catégorie, ce qui lui vaut sa sélection pour une manche de coupe du monde à Lima (Pérou), dernière compétition permettant d’acquérir un quota pour les jeux paralympiques de Tokyo (Japon) et pour le championnat d’Europe à Lasko (Slovénie), ce dernier venant d’être annulé récemment en raison du Covid 19.

Son adhésion à notre UD est significative des liens forts qu’il conserve avec la gendarmerie, malgré toutes les difficultés et épreuves traversées. L’union départementale de l’Aisne est heureuse et honorée de compter un champion, d’une volonté peu commune, dans ses rangs.

Nous souhaitons donc à Vincent de réussir brillamment dans toutes ses futures compétitions, de nous rapporter de nouvelles et nombreuses médailles, tout en portant haut les couleurs de l’UNPRG de notre département.