Prévenir et lutter contre les violences intrafamiliales, sexuelles et sexistes – UD 56

Propos recueillis par Jean, François Stephan (président unprg ud 56)

La gravité et la multiplicité des violences sexuelles et sexistes, dont les femmes sont les principales victimes, constituent un phénomène d’ampleur, que cela soit dans la sphère privée ou publique. Un constat qui appelle un engagement sans relâche de la part de l’Etat et de tous les acteurs qui participent à cette politique. Il nécessite une action publique toujours plus renforcée, interministérielle et partenariale, en liaison étroite avec les acteurs locaux et qui tend à s’organiser de manière coordonnée autour d’un maillage opérationnel et ciblé au plus près des besoins des victimes. (cf Préfecture du Morbihan – Schéma départemental de prévention et de lutte contre les violences sexuelles et sexistes – 2020/2024)

Des mesures déclinées depuis le 1er octobre 2019, par la gendarmerie du Morbihan qui a créé une unité de lutte contre les violences intrafamiliales, sexuelles et sexistes. Elle a renforcé son engagement dans les suivis et accompagnements des victimes de violences conjugales, sous couvert d’une convention signée le 10 octobre 2022, entre le groupement de gendarmerie départementale du Morbihan et Soroptimist international (SI) de Vannes. Elles collaborent à l’aménagement de salles d’audition adaptées à l’accueil des victimes de violences.

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Pour en comprendre les contextes, les conséquences et l’ampleur des violences subies tant par les femmes et les enfants dans le Morbihan, le président de l’Union Nationale des Personnels et Retraités du Morbihan (unprg ud 56) a rencontré le mardi 6 février 2024, 3 membres de Soroptimist International Vannes: Beatrice Aliamus, présidente , Claire Hautin, directrice de programme et Claudine Haverbeke, responsable projet « L’espace de la parole », ainsi que l’adjudante-cheffe Marie-Hélène Ledain, Commandant d’unité : Maison de Protection des Familles du Morbihan (MPF)

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Pourriez-vous vous présenter Soroptimist International en quelques mots ?

Premier club fondé à Oakland en Californie (Etats – Unis), en 1921, avec pour objectif de créer un réseau de femmes, professionnellement actives, désireuses de s’engager et cherchant à atteindre l’excellence dans leur activité professionnelle. En France le Docteur Suzanne Noël, pionnière de la chirurgie réparatrice pendant la guerre de 1914 – 1918, lance le mouvement à Paris en créant la première association Soroptimist Internationnal d’Europe en 1924.  Aujourd’hui l’association ONG est forte dans le monde de plus de 70.000 membres dont plus de 2.200 en France et territoires d’outre-mer. Ils réalisent chaque année plus de 900 actions et 500.000 € distribués au service des femmes et des filles dans 5 domaines :  « Education – Violence à l’égard des femmes – Autonomie et Leadership – Environnement et développement durable – Santé et sécurité alimentaire »,

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Pourquoi avoir créé l’association Soroptimist Internationnal dans le Morbihan ?

L’ONG Soroptimist International de Vannes a été créée en 1989 sur une initiative individuelle avec la volonté de transformer la vie des femmes et des filles, pour qu’elles réalisent leurs ambitions et qu’elles aient partout une voix égale à celle des hommes.

En France, aujourd’hui : 80% des victimes de violences conjugales sont des femmes. En moyenne, au cours d’une année, 213.000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint. On estime à 94.000 le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol. Enfin il est avéré qu’au début des années 2010, la France comptait environ 125.000 femmes adultes ayant subi des mutilations sexuelles.  (https://arretonslesviolences.gouv.fr)

Quand est née l’idée d’une convention de partenariat entre l’association Soroptimist International de Vannes et la gendarmerie du Morbihan ?

Dans le cadre du Grenelle « Contre la violence à l’égard des femmes » en lien avec les 5 domaines d’actions de Soroptimist International (SI), « Nous nous sommes inspirées de Soroptimist Italie qui a équipé au fil des ans, plus de 200 salles d’audition » souligne Claudine Haverbeke, responsable de cette action. Nous avons contacté la Maison de protection des familles de Vannes qui nous a mises en relation avec la gendarmerie. Le 10 décembre 2021, nous avons décidé de lancer un projet mené conjointement par SI Vannes et la Maison de Protection des Familles de la Gendarmerie du Morbihan. Une unité de la gendarmerie commandée par l’adjudante-cheffe Marie-Hélène Ledain. Le 10 octobre 2022, une convention de mise à disposition de mobilier et matériel entre le Groupement de Gendarmerie du Morbihan et SI Vannes est signée.

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Comment votre action avec la gendarmerie du Morbihan, première nationale se traduit-elle concrètement ?

Les enquêteurs de la gendarmerie ont recensé trois sites susceptibles d’accueillir des salles d’audition des victimes de violences intrafamiliales, en tenant compte des contraintes opérationnelles et de la configuration des locaux. Les sites retenus sont situés à Pontivy, Auray et Muzillac.

A Pontivy, c’est l’adjudant-chef Pascal Clermontel qui dirige la cellule ouverte en 2020. Quatre enquêteurs sont formés pour recevoir les personnes victimes de violences intrafamiliales. Dans un espace fonctionnel, les enquêteurs disposent de bureaux et désormais d’une salle d’audition, chaleureuse, pour mettre en confiance les victimes, mettre des mots sur les violences et que la parole se libère… Cette salle d’audition a été baptisée « La Salle Jade », du prénom d’une jeune victime de violences, présente lors de cette inauguration programmée à l’occasion de la Journée internationale de l’élimination de toutes les violences à l’égard des femmes. L’ONG, partenaire de cette opération, a participé au financement des installations de l’Espace de la Parole qui a été inauguré le 25 novembre 2022.

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A Auray, le parcours de plaintes et de «L’Espace de la Parole » à la gendarmerie d’Auray a été inauguré le lundi 19 juin 2023,  en présence du Colonel Aurélien Ardillier Commandant du groupement Gendarmerie du Morbihan, de Baptiste Rolland sous-préfet de Lorient. La ville d’Auray était représentée par Claire Parent Maire Adjointe déléguée aux solidarités. Le lieutenant Michaël Folliot, commandant de brigade a tenu à souligner l’environnement plus accueillant. « C’est quelque chose qui a du sens pour accueillir les victimes, touchées dans leur chair, il est de notre devoir de leur offrir cette qualité de l’accueil. Cela permet d’être plus efficace dans les premières auditions. » 

A Muzillac, la communauté de brigades est commandée par le lieutenant Philippe Pouvreau, (16 communes, environ 40 000 habitants). Le bureau d’accueil pour les victimes de violences intra-familiales, en très grande majorité des femmes, ne ressemble pas aux autres pièces de la brigade : peintures rénovées en vert clair et blanc, parquet neuf, rideaux aux fenêtres, trois fauteuils aux formes enveloppantes, deux bureaux, une table ronde… « Il ne manque plus que les dernières touches de déco », se réjouissent les représentantes de l’ONG Soroptimist Internationnal de Vannes qui ont financé le réaménagement de cette salle d’audition. 

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A Belle-Ile en Mer, le 22 novembre 203, l’adjudant Christophe Brisou, commandant la brigade, a accueilli dans les locaux de la gendarmerie Erwan Coiffard, chef d’escadron de la compagnie de gendarmerie de Lorient, Marie-Hélène Ledain, commandant l’unité de lutte contre les violences intrafamiliales de la gendarmerie départementale et Maëlle Stephant, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité, représentant le préfet du Morbihan. 

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Le Morbihan, sous l’impulsion de l’ONG Soroptimist International, est pionnier en la matière. Mais l’association entend bien ouvrir d’autres salles de parole dans le département (Carnac, Locminé…).

Depuis le lancement de l’action avec la gendarmerie, quel bilan tirez-vous ?

Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de gendarmerie, nous constatons que les enquêteurs travaillent dans de meilleures conditions. La multiplication et le maillage de proximité des salles de parole pour les victimes, le niveau de confidentialité des locaux, sont des alliés précieux pour libérer la parole des victimes et la conduite des auditions par les enquêteurs.

Prévoyez-vous des actions spécifiques pour promouvoir la sensibilisation, la prévention et l’éradication des violences faites aux femmes ?

Soroptimist Vannes organise chaque année un salon « Talents de femmes » au Chorus de Vannes, avec de nombreuses exposantes. Nous organisons également chaque une soirée ciné-débat. Le 25 novembre, Journée internationale des Nations Unies pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, une campagne annuelle des 16 jours d’activisme commence pour accroître la sensibilisation du public sur la violence basée sur le genre. Au cours des jours suivants jusqu’au 10 décembre, Journée Internationale des droits de l’homme, les Nations Unies, les ONG et les femmes du monde attirent l’attention sur cette violation des droits humains en relevant l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies pour « UN MONDE  ORANGE ».

L’arsenal législatif pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes, vous parait-il suffisant, faut-il l’améliorer ?

Pour prévenir et sanctionner ce phénomène, un important arsenal législatif s’est peu à peu constitué et cinq plans interministériels de lutte contre les violences faites aux femmes ont été adoptés, en replaçant la victime au cœur du processus judiciaire. Beatrice Aliamus précise : « Notre partenariat avec les gendarmes se met en place à un moment opportun pour l’appliquer lors de l’accueil des victimes ».

Pour l’adjudante-cheffe Marie – Hélène Ledain, commandant l’unité : Maison de Protection des Familles du Morbihan (MPF), « les lois spécifiques à la répression des faits de violences commis dans la sphère familiale ont considérablement évolué, prenant notamment en compte l’enfant victime dans un contexte de violences conjugales. Mais au-delà du législatif et de façon plus concrète pour les victimes et leurs proches, sur le terrain, dans le Morbihan, des enquêteurs spécialisés travaillent sur l’ensemble du ressort de la gendarmerie. Il s’agit d’un véritable réseau de gendarmes, identifié par les procureurs de la République de Vannes et Lorient et par de nombreux professionnels du département.

Pour traiter le contentieux des VIFS, il faut mener un travail collaboratif dans le cadre d’une entente multisectorielle. Réduire les personnes et leur situation à une nature d’infraction est une erreur.    

Les SOROPTIMIST nous offrent une belle opportunité d’améliorer les conditions d’accueil des victimes et de leurs proches en aménageant des “Espaces de la parole” dans les brigades. Cela participe à constituer des dossiers solides aux fins de poursuites au pénal. La générosité de femmes au bénéfice de la parole d’autres… » 

Comment vous joindre ?

Contactez-nous : vannes@soroptimist.frwww.soroptimist.fr

Bibliographie : Ouest-France – https://arretonslesviolences.gouv.fr Gendarmerie du Morbihan (MPF)

Crédit photos : Soroptimist Internationnal Vannes – Gendarmerie Morbihan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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